La lune est pleine et l’atmosphère inquiétante. Mais les deux héros n’en ont cure : on le sait, la seule chose qui peut les inquiéter, c’est que le ciel leur tombe sur la tête.
On les sent plutôt placides, rêveurs même. « Enfin un défi à notre mesure » semblent-ils penser. Du haut de leur rocher, ils toisent avec calme leur prochaine aventure.
On a toutefois le sentiment d’une lutte d’un autre temps. On avait fini par se convaincre qu’en dépit d’une poussée de fièvre au début des années 2000, Halloween refluait. Avec une forme de fierté toute gauloise, le quidam se félicitait de voir que la mayonnaise ne prenait pas et que la France pouvait résister à l’importation d’un événement qui n’avait aucun fondement culturel dans le pays et se résumait à une simple opération marketing.
Or le phénomène a trouvé refuge ces dernières années là où l’on s’y attendait le moins : dans l’enceinte du fameux village dont on sait qu’il avait pourtant combattu avec succès les précédents envahisseurs. Pendant quelques jours, les festins de sangliers cèdent la place aux barbecues de Chauve-Sourix, le fameux cuistot célébré pour ses hot-dogs de mygales. S’agit-il d’une capitulation, d’une traîtrise ? Et quelle sera la prochaine étape : les Schtroumpfs luttant désespérément pour bouter les loups-garous hors de leur Parc ? Les toboggans de Walibi bloqués par des toiles d’araignée ? La Mer de Sable devenue champ de citrouilles ?
Qu’on se rassure ! Le petit Gaulois a décidé de sacrifier son village et sa personne pour sauver le plus grand nombre en s’inspirant du voisin américain ! Halloween a en effet tout l’air d’être désormais cantonné aux seuls parcs d’attraction qui, l’espace d’une semaine, concentrent l’essentiel des festivités de la saison des morts-vivants. Le village devient le théâtre de scènes de panique, mais la société française respire : l’obésité recule (fini l’achat de sucreries en masse !) tandis que le pouvoir d’achat augmente (c’est bon pour la production nationale de chrysanthèmes).
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