mercredi 29 décembre 2010

La trêve des confiseurs


Trouver un bon sujet cette semaine est particulièrement difficile. Le faible nombre d’affiches intéressantes cette semaine inciterait à penser que la trêve de fin d’année concerne vraiment tout le monde, même les publicitaires. J’ai beau me démener, je ne vois pas l’ombre d’un texte prendre forme dans ma tête quand je regarde les quais du métro ou les panneaux urbains (c’est peut-être un excès de sucreries) ; en fait, le seul effet produit est de me renvoyer aux – multiples – tentatives de billets restés lettres mortes ces dernières semaines, pour des raisons diverses.


Par autocensure tout d’abord. Le cas de Renova est exemplaire : les affiches offraient l’occasion rare de confronter les usagers du métro à la question de leurs déchets les plus intimes. Mais comment évoquer ce sujet sans tomber dans le graveleux et les jeux de mots inutiles et idiots. Le slogan « do not disturb » mis en avant par l’affiche en amenait quantité d’autres, mais la ligne jaune du bon goût pouvait être franchie trop aisément. Exit le papier sexy.


Parfois, le concept inepte de certaines publicités laisse pantois. L’image ridicule et le propos creux engourdissent l’esprit au point de créer un vide qui aspire la moindre pensée critique. Que dire, par exemple, de la publicité Eric Bompard et de ces trois chèvres promenant une jeune fille dans un simili-Manhattan ? Très peu de choses finalement.


Les thèmes d’autres publicités suscitent, en revanche, une forte empathie. C’est leur réalisation qui pose problème. Dans le cas de Laure Manaudou, on avait envie de sourire avec elle et de lui dire qu’elle avait raison de tout plaquer pour faire une pause et vivre autre chose que des semaines d’entrainement monotones. Mais les images étaient tellement tartes que l’on pouvait prêter au texte une ironie sous-jacente totalement involontaire. 

Je profite donc de ce billet un peu bâtard pour remercier les publicités, bonnes et mauvaises, qui proposent une idée suffisamment développées pour pouvoir écrire des textes plus ou moins intéressants. Vivement 2011 !

mercredi 22 décembre 2010

Soyons mobiles


C’est la dernière ligne droite avant le grand déballage.

Pour tous ceux qui n’ont pas encore réalisé leurs achats – par manque de temps, par envie de partager ces instants d’allégresse avec un maximum de gens ou du fait des récentes et importantes chutes de neige – le temps est désormais compté : Noël, c’est dans trois jours.

Qu’iront donc acheter ces consommateurs de la dernière minute ? Si l’on en croit les campagnes d’affichages qui se sont succédées sur les panneaux du métro et d’ailleurs, ce devrait être des téléphones portables.


Sous l’impulsion conjointe des circuits de grande distribution, des opérateurs et des constructeurs, les publicités ont abondamment mis en avant ces appareils et leurs nombreuses fonctionnalités, devenus indispensables à la vie quotidienne de millions de Français. Cette année a ainsi consacré la vente de smartphones, qui auront été bien plus vendus que l’Ipad si l’on en croit une étude de l’institut GFK  (http://megados.com/News_Cadeaux_de_no_l___high_tech_n_est_pas_present_au_top_10_des_produits_de_l_annee_2010,5513.html).

L’intérêt pour des mobiles offrant à leurs utilisateurs une fenêtre sur le monde s’est donc intensifié en cette fin d’année et, d’une certaine manière, l’affichage dans le métro a joué le rôle de caisse de résonance idéale : le temps passé dans les transports en commun est de plus en plus mis à profit par les usagers pour exploiter les fonctionnalités et autres applications à leur disposition sur les smartphones ; la consultation de courriels et l’accès à Internet sont autant d’outils autorisent un gain de temps considérable dans les sphères privée et professionnelle, autorisant un contact quasi direct avec la réalité, et quitte à réduire la vie à une suite d’ « immédiatetés » – pour paraphraser Paul Virilio.

Pour l’urbaniste et essayiste français, la vitesse, « non contente d'occuper une place prépondérante dans notre représentation du réel, finirait par constituer le réel lui-même » ; chacun est lancé dans une course contre lui-même et les autres pour mieux comprendre le monde. « La religion de la vitesse qui nous assiège transporte avec elle un « trop-plein » de réel. Pour éviter d'être submergé nous n'avons d'autre recours que de nous dépêcher toujours plus. Nous finissons par faire de la vitesse elle-même le symbole de l'innovation, de la réussite et du bonheur humain ».

Avant de critiquer ces positions et les taxer de rétrogrades, ce billet propose ici une autre idée de cadeau à tous les retardataires dont les proches utilisent fréquemment les transports en commun : un livre de Paul Virilio, le dernier en date étant L’administration de la peur, Entretien avec Bertrand Richard, paru en 2010.

P.S.
Les citations sont tirées de l’article « Paul Virilio : le critique de la vitesse », disponible à l’adresse : http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20100818.BIB5478/paul-virilio-le-critique-de-la-vitesse.html

jeudi 16 décembre 2010

Big is beautiful


Le précédent billet posait la question de la compatibilité publicité / discrétion. Si la pratique des bâches publicitaires sur les façades en restauration montrait le souci, dans certains cas, de concilier au mieux contraintes matérielles, impératifs budgétaires et préservation de l’identité d’un bâtiment et de son environnement direct, la discrétion a dû céder le pas sur d’autres terrains.


Les nombreux immeubles bordant le périphérique et leur taille conséquente représentent autant d’opportunités laissées aux agences publicitaires de laisser libre cours à leurs pulsions swiftiennes en disposant une variété importante de « maxipublicités ». L’objectif de ces panneaux géants est clair : attirer l’œil des passants et, surtout, des milliers d’automobilistes qui empruntent l’anneau de circulation parisien.



Ces affiches font aujourd’hui entièrement partie du paysage périphérique, constituant même une nouvelle forme de borne kilométrique jonchant le parcours et complétant la signalétique traditionnellement mise en place. Leur impact sur les consommateurs n’est pas négligeable, notamment lors d’embouteillages puisqu’elles ont alors le temps de s’imprimer sur la rétine et dans l’inconscient du conducteur.


Leur pertinence est également redoutable : on distingue ici un téléphone new look très utile pour passer le temps dans les bouchons, appeler son chef ou sa famille pour annoncer un retard ; le même téléphone qui permet d’appeler RMC pour donner son opinion sur la gestion déplorable des infrastructures dans notre pays par les autorités supposément compétentes ; là, une affiche annonce un hôtel apparemment idéal pour passer une nuit au chaud en cas d’épisodes neigeux et de routes aux pentes trop inclinées.
 

Ces « maxipublicités » permettent aux annonceurs de toucher un large public et aux propriétaires des édifices de tirer des revenus réguliers. Le paysage du périphérique parisien n’étant, par ailleurs, pas réputé pour sa beauté, le préjudice est jugé minime. Cela étant, le recours à ces grandes affiches illustre parfaitement la principale caractéristique de la publicité : le besoin constant de trouver de nouveaux espaces à exploiter afin de mieux capter l’attention des consommateurs potentiels. Le même phénomène prévaut dans le métro parisien :


Comme la nature, la publicité n’aime pas le vide.

lundi 13 décembre 2010

Venise - Paris - Bruxelles

Publicité et discrétion sont-elles compatibles ? Si l’on considère le matraquage dont sont l’objet téléspacteurs, auditeurs et passagers du métro, rien n’est moins sûr.

Les habitants de Venise demandent pourtant à combiner les deux, eux qui sont régulièrement confrontés à des bâches publicitaires gigantesques engloutissant les monuments de la ville en cours de rénovation. Pour mieux financer leurs campagnes de restauration, les autorités vénitiennes ont en effet de plus en plus recours à ces « maxipublicités », qui présentent l’avantage d’assurer aux bailleurs de fonds une visibilité importante. La pratique n’est pas nouvelle : Enrico Tantucci et Maureen Marozeau rappellent dans Le Journal des Arts qu’il y a un peu plus de dix ans, « le Credito Bergamasco a déboursé 2 millions d’euros pour financer intégralement, sept ans durant, la rénovation des façades gothiques du palais des Doges. Sur les échafaudages figurait une reproduction de la façade du palais, puis celle d’un Tiepolo, le logo de la banque y apparaissant en toute discrétion » (Enrico Tantucci, Maureen Marozeau, « Affligeantes affiches », Le Journal des Arts, n°333, du 22 octobre au 4 novembre 2010). Ce qui a changé, c’est l’impact sur le patrimoine :

emprunté à : http://observers.france24.com/fr/content/20100825-restaurer-patrimoine-venise-coca-cola-publicite-italie
Oui, au centre de la photo, c’est bien le Pont des Soupirs (ou ce qu’il en reste) coincé entre deux bouteilles de soda. La dénaturation du site ne semble pas préoccuper le maire de la ville. Celui-ci a déclaré que « si les gens veulent voir [le Pont des Soupirs], ils doivent aller chez eux et en regarder une photo dans un livre » (Enrico Tantucci, Maureen Marozeau, ibid.). De tels affichages ne seraient toutefois pas légaux, puisque la convention passée entre la Ville et l’Etat en 1924 stipule que tout monument « doit être libre d’objets et de meubles, qui, de quelque manière, peuvent altérer sa beauté et sa majesté, masqueraient la qualité, les tableaux et toute autre particularité inhérente à l’art et à l’Histoire », tandis que le Code des Biens culturels établit qu’ « il est interdit de placer ou d’afficher des panneaux ou autres sources de publicité sur les édifices et les zones désignées comme biens culturels. Le surintendant peut, cela dit, autoriser le placement ou l’affichage dès lors qu’aucun tort n’est causé à l’aspect, au décor et à la jouissance publique desdits édifices et zones » (Enrico Tantucci, Maureen Marozeau, ibid.).

Le budget du Ministère de la culture italien se réduisant à peau de chagrin, les responsables des monuments se doivent de trouver des sources de financements privés complémentaires pour assurer la restauration d’un patrimoine immense mais en danger – comme l’a illustré l’effondrement d’une villa sur le site de Pompéi récemment. Le phénomène n’est pour autant pas un cas isolé en Europe : en France le décret n°2007-645 du 30 avril 2007 a autorisé la publicité sur les façades des monuments historiques et a voulu stimuler le recours au mécénat. Les Parisiens ont en ce moment l’occasion d’en voir une application sur la façade ouest de l’Opéra Garnier.


L’opéra Garnier a pu minimiser le préjudice que lui causait une façade entièrement dévolue à la publicité en mettant en place un affichage double :
- à droite, une « maxipublicité » H&M, renouvelable au gré des saisons et des annonceurs (http://www.operadeparis.fr/cns11/live/onp/Vous_etes/entreprises_AROP/location_espace/la_publicite.php?lang=fr) ;
- à gauche, une bâche mettant discrètement en lumière le mécénat d’Eiffage.

Un véritable marché a vu le jour dans le domaine du « financement mécénat ». La société Célize propose ainsi son expertise pour réaliser des trompe-l’œil respectueux du cadre en restauration, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine (http://www.celize.com/financement-mecenat). On peut donc s’attendre à voir d’autres bâches monumentales dans les mois à venir, en espérant qu’elles s’inspireront davantage de ce qu’allait devenir le Musée Magritte que du Pont des Soupirs.

vu dans : http://forumamontres.forumactif.com/forum-general-de-discussions-horlogeres-f1/le-mecenat-horloger-autorise-t-il-a-faire-nimporte-quoi-t81296-15.htm

P.S.:
Un grand merci à Louise pour les sources !

jeudi 9 décembre 2010

Publicité comparative


Ah ! Les pubs du Stade Français !
J’ai longtemps hésité avant de publier un nouveau billet sur ce thème (voir ‘Va y avoir du sport’). Je ne voulais pas tomber dans la facilité et revenir sur un sujet déjà traité. Les fans de cinéma le savent, les suites sont rarement aussi intéressantes que les premiers volets des sagas : on y trouve plus d’effets spéciaux et plus de sang, mais la force du propos s’en trouve souvent diminué.


L’affiche elle-même devait être digne de l’originale et susciter le commentaire. Or si le graphisme restait réjouissant et tranchait avec le style des autres publicités du métro, sa structure était trop similaire à celle employée pour le match Stade Français-Toulon. Exit les marins toulonnais, place aux raids agressifs des parachutistes du Sud-ouest (merci EADS !). La seule question que se dégageait d’une telle affiche était de savoir comment allaient être dépeints les prochains adversaires du club de la capitale au Stade de France, la carte de l’industrie française de la défense ne collant pas exactement à celle du rugby professionnel.

Entre autres équipes, quel sort aurait été réservé au Racing Métro, club prestigieux des Hauts-de-Seine de retour au premier plan depuis quelques années (j’attendais avec impatience de voir Sébastien Chabal représenté en samouraï) ? La question est vaine puisque le Stade Français n’accueillera apparemment pas le Racing au Stade de France comme il le fait lors des matches de prestige. Cette décision est surprenante puisque cela promettait un beau derby, ces rencontres qui opposent des équipes voisines et déterminent la prééminence de l’une sur l’autre à l’échelle régionale, sinon nationale. Peut-être les dirigeants parisiens considéraient-ils que l’assise du rugby en Ile-de-France n’était pas assez conséquente pour remplir les 80000 places de l’enceinte de Saint-Denis, en dépit de la forte concurrence qui oppose les deux clubs à tous les niveaux. L’usager peut en avoir un aperçu sur les quais des stations en ce moment puisqu’aux affiches stylisées du Stade Français répondent celles, plus sobres, du Racing.


Cette affiche n’a rien à voir avec celle du Stade Français, formellement parlant. Ici, pas de profusion de couleurs et de mouvements, mais une scène plus posée de concertation entre équipiers. Les joueurs de l’équipe apparaissent « en chair et en os » et non sous la forme de caricatures. En haut à gauche est figuré leur blason, où se distingue l’année de création du club (1892, date du premier titre de champion de France de cette équipe par ailleurs). L’expression « pack Noël » est-elle un trait d’humour (le pack en rugby est composé des joueurs les plus lourds et qui poussent la mêlée) ? Si c’est le cas, c’est peut-être involontaire et de toute façon très éloignée de la blague potache du Stade Français où l’on voit un joueur toulousain faire une bombe à sa sortie du B-52.

Tous ces éléments indiquent le sérieux de l’institution qu’est le Racing dans le paysage rugbystique, et sa volonté de respecter les traditions. A l’occasion du lancement de l’exercice 2010-2011, le président du club avait mis en avant sa volonté de ne jamais porter atteinte au maillot de l’équipe – sous-entendu à l’inverse de ce qu’avait pu faire le rival parisien avec ses tuniques chamarrées. Ce qui n’empêche en aucune manière le marketing puisque le club a ouvert il y a quelques mois une boutique haut-de-gamme sur le boulevard Saint-Germain.

A l’aune de ces deux affiches, l’usager et le supporter ont le choix entre deux équipes : l’une foutraque, un brin vulgaire et qui part dans tous les sens ; l’autre tout en retenue, opiniâtre et triste comme un jour sans pain. A qui va sa préférence ?  

P.S.
En avant-première, voici l’affiche du match opposant le Stade-Français à l’équipe de Clermont. Un vrai feu d’artifice !

lundi 6 décembre 2010

Expression libre


Les panneaux qui décorent les couloirs et les quais du métro ne sont pas réservés aux seules affiches publicitaires. Comme le constate quotidiennement l’usager, ils représentent également des espaces de libre expression que tout individu peut s’approprier quand il ressent l’envie de communiquer avec les milliers de voyageurs qui transitent dans ce monde souterrain. Que les messages ainsi griffonnés soient concis ou conséquents, il s’en dégage une impression étrange, entre excitation de la transgression, tension du besoin de s’exprimer et urgence de l’acte.

Les plus sommaires sont les signatures. Les « Diam’s » des années 1990 et « Krevet » des années 2000 sont aujourd’hui remplacés par une cohorte d’alias éphémères dont le sens échappe au voyageur. On pourrait imaginer que ces signatures sont celles des concepteurs des affiches, lesquels se lanceraient dans une séance de dédicaces dans les couloirs du métro au risque de provoquer un embouteillage monstre et la colère des usagers. Une explication plus simple, et plus naïve, serait de voir dans ces actes le souhait contradictoire d’exister tout en restant anonyme grâce à des traces énigmatiques.

Certaines interventions sont un poil plus denses, mais laissent le lecteur perplexe.

Pas de signature ici, juste trois mots en forme de slogan. Si ce dernier n’est pas totalement infondé – pourquoi pas un peu de musique dans le métro en effet ; en même temps, si c’est pour écouter RFM ou Chérie FM je préfère ne pas poser la question – le choix du support interpelle. Quel est le rapport entre cheval et musique ? Même d’un point de vue symbolique, on ne voit pas trop le rapport. Et pourtant, l’auteur semble tenir à sa proposition et considérer qu’il est urgent de modifier l’ambiance dans le métro parisien comme le montre son deuxième texte (je demande ici l’aide des lecteurs de ce billet : avez-vous une idée expliquant la présence de ce cheval ?).
Mais les messages peuvent aussi être plus explicites.

Ici, l’affiche importe peu : l’essentiel se trouve dans le propos. Les mots sortent précipitamment et expriment un ras-le-bol, que ce soit sous forme de poésie, d’apostrophe, ou de caricature comme dans le cas du dessin ci-dessous. Dans les deux cas, on imagine un geste non prémédité, qui a vu l’individu le réaliser à sa propre surprise, avec un sentiment de nécessité. Pour preuve : l’absence de commentaires ou de dessins similaires sur les quais des stations environnantes. 
 

Il y a quelques années, alors qu’un fort mouvement anti-publicité faisait rage dans le métro, la RATP avait laissé pendant quelques semaines des panneaux blancs dans certaines de ses stations pour laisser les usagers désireux de se manifester le faire librement. L’expérience n’avait pas été prolongée ou rendue pérenne. De fait, elle n’était pas nécessaire : les voyageurs n’hésitent pas à s’emparer des panneaux pour communiquer, que ce mode d’expression soit dérisoire ou utile, fondé ou ridicule selon les points de vue.



mercredi 1 décembre 2010

Un spectacle grandiose


 
La guerre contre les ténèbres est engagée. Baignée d’une lumière hésitant entre aube et crépuscule, la troupe des cavaliers qui s’avancent résume l’incertitude qui prédomine quant à l’issue du combat. Car s’ils se battent pour de nobles idéaux, ces chevaliers restent des hommes faillibles, assaillis par les passions et le doute.
Au premier plan de l’affiche, telle une invitation faite à l’usager du métro, une épée fichée dans le sol attend qu’un homme la brandisse et montre la voie qui mènera à la victoire : Excalibur.

 
Après un nombre incalculable d’adaptations, la légende du roi Arthur revient sous la forme d’un spectacle de grande ampleur, au Stade de France, pour deux représentations fin septembre. Une annonce aussi hâtive peut surprendre ; après tout, le trajet Avallon – Saint-Denis n’est pas si long qu’il demande neuf mois pour l’effectuer, même à cheval. Après quelques – courtes – recherches, il apparaît que le spectacle est encore en cours de préparation. Si les informations disponibles sur le site du Stade de France (http://accueil.stadefrance.com/customers/evenement/excalibur-legende-roi-arthur-chevaliers-table-ronde) sont peu fournies, on peut toutefois avoir une idée un peu plus précise du résultat final à la lueur de divertissements similaires, les spectacles retraçant la vie de personnages fictifs, ou réels, et d’événements majeurs dans l’histoire du monde n’ayant pas manqué ces dernières années.

Tout d’abord, la fiche technique du spectacle ne mentionne pas la participation de Robert Hossein. On peut donc légitimement penser que le rôle du public se limitera à celui de spectateur, et qu’on ne lui demandera pas de voter sur tel ou tel aspect de l’histoire (oui ou non, Arthur pourra-t-il soulever l’épée ?).

Si le spectacle s’annonce conventionnel sur la forme, il devra respecter deux éléments de la charte des shows à l’américaine et autres comédies musicales françaises qui peuplent les salles parisiennes : inclure des chorégraphies et des chansons. Dès lors, on peut s’attendre à voir le roi Arthur s’inspirer de Michael Flatley pour motiver ses troupes avant la bataille finale (http://www.youtube.com/watch?v=jjxTTjJtXDA).

 
Pour les chansons, la barre est haute. Comment faire mieux que le son RTL2 de Mozart, l’opéra (pop-)rock, qui proposait dans son premier single les paroles suivantes :
« Allez viens
C'est bientôt la fin
De ce monde
Qui n'entend rien
Allez viens
Sonner le tocsin
Fais valser leurs vieux discours
Viens danser c'est notre tour ».

N’ayant pas l’âme d’un auteur, je ne peux ici qu’imaginer les rimes des prochains hymnes de ce spectacle, qui devraient charmer tout un chacun et passer en boucle sur la bande FM. Pour Camelot, on trouve « litote », « tricote » et « bande de potes ». Pour Arthur, ne faisons pas dans la facilité : il y a certes « Excalibur », mais surtout « friture », « no future », un surprenant « Balladur » et surtout un « luxure ». Or qui dit spectacle grandiose, dit beaucoup de figurants !

Autant l’avouer, on a hâte !