jeudi 9 décembre 2010

Publicité comparative


Ah ! Les pubs du Stade Français !
J’ai longtemps hésité avant de publier un nouveau billet sur ce thème (voir ‘Va y avoir du sport’). Je ne voulais pas tomber dans la facilité et revenir sur un sujet déjà traité. Les fans de cinéma le savent, les suites sont rarement aussi intéressantes que les premiers volets des sagas : on y trouve plus d’effets spéciaux et plus de sang, mais la force du propos s’en trouve souvent diminué.


L’affiche elle-même devait être digne de l’originale et susciter le commentaire. Or si le graphisme restait réjouissant et tranchait avec le style des autres publicités du métro, sa structure était trop similaire à celle employée pour le match Stade Français-Toulon. Exit les marins toulonnais, place aux raids agressifs des parachutistes du Sud-ouest (merci EADS !). La seule question que se dégageait d’une telle affiche était de savoir comment allaient être dépeints les prochains adversaires du club de la capitale au Stade de France, la carte de l’industrie française de la défense ne collant pas exactement à celle du rugby professionnel.

Entre autres équipes, quel sort aurait été réservé au Racing Métro, club prestigieux des Hauts-de-Seine de retour au premier plan depuis quelques années (j’attendais avec impatience de voir Sébastien Chabal représenté en samouraï) ? La question est vaine puisque le Stade Français n’accueillera apparemment pas le Racing au Stade de France comme il le fait lors des matches de prestige. Cette décision est surprenante puisque cela promettait un beau derby, ces rencontres qui opposent des équipes voisines et déterminent la prééminence de l’une sur l’autre à l’échelle régionale, sinon nationale. Peut-être les dirigeants parisiens considéraient-ils que l’assise du rugby en Ile-de-France n’était pas assez conséquente pour remplir les 80000 places de l’enceinte de Saint-Denis, en dépit de la forte concurrence qui oppose les deux clubs à tous les niveaux. L’usager peut en avoir un aperçu sur les quais des stations en ce moment puisqu’aux affiches stylisées du Stade Français répondent celles, plus sobres, du Racing.


Cette affiche n’a rien à voir avec celle du Stade Français, formellement parlant. Ici, pas de profusion de couleurs et de mouvements, mais une scène plus posée de concertation entre équipiers. Les joueurs de l’équipe apparaissent « en chair et en os » et non sous la forme de caricatures. En haut à gauche est figuré leur blason, où se distingue l’année de création du club (1892, date du premier titre de champion de France de cette équipe par ailleurs). L’expression « pack Noël » est-elle un trait d’humour (le pack en rugby est composé des joueurs les plus lourds et qui poussent la mêlée) ? Si c’est le cas, c’est peut-être involontaire et de toute façon très éloignée de la blague potache du Stade Français où l’on voit un joueur toulousain faire une bombe à sa sortie du B-52.

Tous ces éléments indiquent le sérieux de l’institution qu’est le Racing dans le paysage rugbystique, et sa volonté de respecter les traditions. A l’occasion du lancement de l’exercice 2010-2011, le président du club avait mis en avant sa volonté de ne jamais porter atteinte au maillot de l’équipe – sous-entendu à l’inverse de ce qu’avait pu faire le rival parisien avec ses tuniques chamarrées. Ce qui n’empêche en aucune manière le marketing puisque le club a ouvert il y a quelques mois une boutique haut-de-gamme sur le boulevard Saint-Germain.

A l’aune de ces deux affiches, l’usager et le supporter ont le choix entre deux équipes : l’une foutraque, un brin vulgaire et qui part dans tous les sens ; l’autre tout en retenue, opiniâtre et triste comme un jour sans pain. A qui va sa préférence ?  

P.S.
En avant-première, voici l’affiche du match opposant le Stade-Français à l’équipe de Clermont. Un vrai feu d’artifice !

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