vendredi 22 octobre 2010

Luke Sky et Johnny Walker

L’usager du métro parisien est un héros qui s’ignore. Pas parce qu’il doit affronter la foule aux heures de pointe ou passer plus de trois heures dans les transports en commun pour aller à son travail et en revenir. De ça, il est pleinement conscient.

Son véritable fait d’armes est moins connu, y compris de lui-même : arriver à passer outre les campagnes de publicité pour le whisk(e)y. 

L’aventure est risquée et déconseillée aux padawans trop présomptueux de leurs forces. Le voyageur, que nous nommerons Luke, se retrouve dans un monde dur, où la lumière est rare, à l’inverse de la gueule de bois. Au détour d’un tunnel, sa rame l’entraîne au carrefour de Koh-lanta et de Destination Finale, vers une terre désolée et brumeuse où il voit déjà double. Les rails ne semblent pas ménager d’issue de secours (merci la RATP !) et l’usager doit se résoudre à descendre du train et à s’aventurer à pieds dans ce territoire hostile.

Le train s’éloigne, et le marcheur progresse la boule au ventre. Il tombe sur un panneau lui indiquant qu’il se trouve sur le bon chemin. L’affiche n’est pas pour autant rassurante : continuer de marcher, oui, mais vers quoi, vers qui ? Ou est-ce un stratagème pour assoiffer et provoquer plus facilement la chute ?

Le frère de l’Empire State Building se dresse soudain de toute sa hauteur ambrée en guise d’ultime tentation magrittesque. Devant lui, ce n’est ni un immeuble, ni de l’alcool ni un sexe-toy, mais Jack ! Son vieil ami Jack du Tennessee qui lui annonce un instant de chaleur partagée au coin du feu. L’esprit pourtant embrumé, Luke se persuade qu’il est encore 8h15, qu’il a une journée de boulot devant lui et que Jack pourra bien attendre le métro du soir.

Luke repousse alors, pour un temps, l’attraction du côté obscur. Car c’est bien le plus étonnant dans toutes ces affiches : toutes mettent en avant l’aspect sombre de l’alcool, au-delà des précautions d’usage puisque comme chacun le sait, « l’abus d’alcool est dangereux pour la santé ». D’un point de vue personnel, cela ne m’engage pas plus qu’avant dans ce chemin : je préfère le vin, qui sait conjuguer noirceur et gaieté comme le montre L’ivresse de Silène de Luca Giordano (et merci à Java pour le titre de l’article).


2 commentaires:

Marmotte a dit…

Oh la la que ce tableau est magnifique ! Et ma phrase n'est pas à prendre au second degré ...
Petite précision : ce tableau est conservé au musée des Beaux=Arts de Lons-le-Saunier (avis aux amateurs!).
Sinon, je ne peux que t'approuver Juma : mieux vaut une bonne bouteille de vin (au hasard : un bon Gevrey Chambertin comme celui dont je me suis délectée à midi)plutôt qu'un whisky qui te met KO en moins de 5 minutes... Sauf pour le Docteur Lecuir qui est un grand amateur, et ce en toutes circonstances !!!
Mille bacci

Le lyonnais a dit…

Dommage pour la dernière phrase de l'article je voulais paraitre savant en étalant ma connaissance! Heureusement ca n'enlève en rien l'attrait que j'ai pour cette référence. Je dois dire que j'ai jamais aimé le whisky, je préfère largement un petit martini. Avec ou sans olive.