C’est vrai, j’ai triché : je sors cette première image du web.
Et pourtant, cette somptueuse affiche étalait ses couleurs chatoyantes dans de nombreuses stations du métro parisien au début du mois d’octobre, incitant les voyageurs à se mobiliser contre de drôles d’envahisseurs à l’identité incongrue : un commando militaire hybride (un mélange étonnant de marins, de parachutistes et de yamakasis) jetait l’ancre en proche banlieue parisienne et défiait les éléments pour… faire quoi au juste ?
On pense tout d’abord à une performance inédite, voire au nouveau spectacle de Robert Hossein : après les grandes figures historiques et les procès controversés, l’homme de théâtre aurait adapté un film de guerre sur la scène géante du Stade de France, dont le public serait appelé à voter en faveur de la division la plus méritante.
Cette première impression passée, la taille des biceps et des mains des personnages interpelle : on est devant l’affiche de la prochaine tournée d’ultimate fighting produite en France, ce si beau sport dont la seule règle dans le combat est qu’il n’y a justement pas de règle. En l’occurrence, le type en rose essaie de mobiliser quelqu’un hors champ (un partenaire, un fou du public, Robert Hossein ?) pour éviter de se faire marave par les autres concurrents, cinq fois plus nombreux.
Et puis la lumière se fait : il s’agit de rugby. Les amateurs de ce sport reconnaissent les doux traits et la crinière de Dimitri Szarzewski, talonneur du Stade Français – Paris et joueur emblématique du club, apparemment ulcéré du débarquement massif de joueurs toulonnais adeptes de tai-chi et d’esbroufe (au fait, qui a eu l’idée grotesque de garer son navire Canal Saint-Denis ?)
Qu’on est loin de la norme publicitaire utilisée par le sport professionnel ! L’évolution récente du marketing a conduit à une certaine dramatisation des débats dans les médias. Les naïfs estimaient que le rugby demeurait préservé de ces tendances, en dépit de sa professionnalisation. L’affiche du match Stade Français – Paris / Mont-de-Marsan l’année dernière était ainsi beaucoup plus conventionnelle. On peut même lui trouver un petit côté provincial qui rappellerait les matches de fin de week-end il y a vingt ans.
La dramatisation est ici complète : le voyageur sort de son métro quotidien pour être plongé dans le cœur de l’affrontement, au niveau du terrain ; il se trouve même invité – ou est-ce un ordre ? – à participer pleinement à ce combat magnifique au milieu d’éléments déchaînés. Le Stade Français – Paris souligne ainsi à quel point il est en avance sur les autres équipes de rugby françaises sur le plan de la communication et de la stratégie commerciale. Reste à se demander où se situe le facteur essentiel : la performance sportive. Car si le Stade Français – Paris a réussi à imposer une marque au cours des dernières années, l’équipe, elle, a plutôt stagné.
1 commentaire:
Juma,
Et voilà! Il fallait que ca dérape...!
Ca partait très bien pourtant. L'évocation drolatique du débarquement des rugbymen toulonnais adeptes de tai-chi, l'émotion teintée d'un doux parfum nostalgique en repensant aux matchs du dimanche d'il y a vingt ans quand "les générales" étaient considérées comme une simple explication de texte des règles arbitrales...
Et arrive cette pique finale, assassine, la flèche du Parthe, sur les résultats sportifs du club! Que c'est facile Monsieur Juma! Ils sont beaux, costauds et font vendre des calendriers, que demander de plus dans une société où l'affichage prime?!
Yohan
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