Parmi toutes les formes d’humour que l’on peut recenser, celle du calembour est peut-être la plus difficile à mettre en pratique, et la plus ingrate. L’équilibre est en effet précaire : un jeu de mots considéré trop facile attire sur son auteur des regards appuyés (« tu t’es pas foulé ! ») ; s’il est trop compliqué, les commentaires sont lapidaires (« oh là là, mais où tu vas les chercher ! »). Dans tous les cas, il ne faut pas en abuser au risque de s’attirer une critique définitive (« bon t’es sympa, mais arrête maintenant, ça devient gonflant»).
Dans le monde de la culture, les artistes ont fréquemment recours au procédé. Jacques Demy par exemple était un grand amateur de calembours, au point d’avoir songé à intituler « Une Chambre en Ville » sorti en salles en 1982 « L’Edith de Nantes », comme l’évoquent Marie Colmant et Olivier Père dans leur livre Jacques Demy, tout entier (éditions La Martinière).
Ces dernières années, l’industrie du cinéma a employé massivement le calembour dans une démarche promotionnelle sur le créneau des films pour enfants et adolescents. Avec des résultats qui laissent perplexes.
Bon d’accord, l’exercice est ardu. Quasiment hors de tout contexte, les créatifs doivent résumer un élément clef de l’intrigue et démontrer que l’œuvre est bien une comédie, le tout en cinq à six mots. Mais bon, les campagnes d’affichage sont tout de même au ras des pâquerettes.
Un peu plus espacés, ces campagnes pourraient susciter une pointe de jalousie ou d’envie chez tous les amateurs de plantage (« respect, je l’aurais jamais tenté celui-là »). Mais ce type d’affiche est devenu tellement systématique qu’on imagine aujourd’hui les distributeurs de ces films passant leur temps à préparer des fiches entières de calembours, devançant même les projets des films. Vivement un autre mode de communication qui ne fasse plus tourner les spectateurs en calembourrique.
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