jeudi 4 novembre 2010

Ca plane pour lui


Le Grenelle de l’environnement est un échec.

C’est du moins ce que pensent 74% des Français, si l’on en croit le sondage réalisé par le magazine Terra Eco dans le cadre du dossier consacré à l’action présidentielle et gouvernementale sur les questions liées à l’écologie (« Comment Sarkozy a failli être écolo », n°19, novembre 2010). Le constat est sans concession puisque 71% des personnes sondées « estiment que le gouvernement n’a plutôt pas ou pas du tout respecté les engagements du [Pacte écologique] signé en grande pompe par tous les candidats à la dernière présidentielle ».

Certaines personnalités politiques de droite montent au front pour défendre l’action entreprise depuis 2007 – telles que la secrétaire d’Etat chargée de l’écologie Chantal Jouanno, qui déclare à Terra Eco que le gouvernement « a réalisé 90% de ce qu’[il] voulait faire » – mais l’impression demeure : les bonnes intentions initiales ont cédé le pas devant l’intérêt économique. Symboles de cette évolution, deux déclarations de Nicolas Sarkozy mises en exergue par le magazine : « Je veux que le Grenelle soit l’acte fondateur d’une nouvelle politique, d’un New Deal écologique en France, en Europe et dans le monde » (25 octobre 2007) et « Toutes ces questions d’environnement (…) ça commence à bien faire » (6 mars 2010).

Le gouvernement doit de nouveau gagner la bataille de l’opinion. Sa contre-attaque est, à ce titre, digne des meilleurs spin doctors anglo-saxons et pourrait se résumer à une seule publicité : Fructis de Garnier.


Depuis le début de la semaine, les usagers du métro et les piétons parisiens sont en effet invités à partager une expérience qui sent bon la nature et propose une solution à la pollution des transports. « Nouvelle énergie verte » à laquelle personne n’avait véritablement pensé, le shampooing ne se limite pas à une simple utilité hygiénique ; il rend les cheveux à même de tracter leurs propriétaires dans les airs sans rejet démesuré de CO2. On attend évidemment l’explication des scientifiques sur cette prouesse technologique qui ne résout pour autant pas tous les problèmes : comment les chauves vont-ils pouvoir bénéficier de ce progrès ? Quelles sont les solutions pour un pilotage sans danger (une chute de cheveux inopinées lors d’un voyage au-dessus de la Manche pourrait avoir des conséquences tragiques).

Jean-Louis Borloo a parfaitement lancé cette campagne dès dimanche dernier, sur le plateau de Dimanche +, où il arborait une nouvelle coupe de cheveux. Loin d’un supposé souhait de renforcer son statut de favori au poste de Premier Ministre comme ont pu le penser certains journalistes, il fallait y voir le retour du gouvernement sur la question fondamentale de l’environnement en s’attaquant à la racine (si l’on peut dire) du problème : le look du ministre.


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