lundi 17 janvier 2011

Coup de déprime au Wall Street Institute

Un véritable tremblement de terre s’est produit dans les couloirs du métro ces derniers jours. Le phénomène fut d’une telle violence qu’il y a fort à parier que de nombreuses répliques secoueront le monde de l’affichage publicitaire dans les semaines à venir. Les effets sur les usagers sont, eux, plus difficiles à cerner.

Ce fut presque au saut du lit que la grande majorité des voyageurs a découvert le phénomène. La perplexité et l’inquiétude ont gagné les esprits d’autant plus rapidement que la surprise fut totale, aucun signe avant-coureur n’ayant annoncé le phénomène : pas de fuite massive de souris ou de rats dans les stations ni de contrôleurs RATP hurlant à la mort. Or ce matin-là, un monde naquit sous les regards incompréhensifs en perte de repères – et déjà nostalgiques d’un temps plus simple où chacun était à sa place : le Wall Street Institute lançait une campagne d’affichage grand format.


De nombreuses questions eurent tôt fait d’assaillir les esprits des usagers : pourquoi ce changement de format ? Cela voulait-il dire que le Wall Street Institute allait abandonner les affichettes, et balayer du même coup tous ces souvenirs de trajets souterrains passés à contempler ces petites images aux jeux mots de faciles ? Est-ce que ce désengagement dans les rames du métro expliquait la montée en puissance d’autres sociétés (Direct Energie notamment) ?

Et pourquoi ce changement de ligne éditoriale ? On cherche désespérément la joie d’apprendre dans ce paysage bouché et hérissé de parapluies comme autant de fourches caudines interdisant l’accès à l’apprentissage des langues. De cette publicité, et de la pluie battante qui tombe sur la foule anonyme, se dégage plutôt une forte morosité ; on devine que la dépression guette l’Institut, au point qu’il n’arrive pas à cacher son vague à l’âme dans les nouvelles dimensions de sa stratégie de communication. A ce rythme-là, on peut s‘attendre à voir dans quelques temps une affiche figurant les usines délabrées du nord de l’Angleterre aux fenêtres brisées.

Avant que le Wall Street Institute ne passe à la vitesse supérieure dans le défaitisme, les usagers peuvent toujours profiter des grimaces malicieuses qui semblent dire : « quitte à raquer pour apprendre une langue, autant le faire avec humour et dans la détente ».