Un véritable tremblement de terre s’est produit dans les couloirs du métro ces derniers jours. Le phénomène fut d’une telle violence qu’il y a fort à parier que de nombreuses répliques secoueront le monde de l’affichage publicitaire dans les semaines à venir. Les effets sur les usagers sont, eux, plus difficiles à cerner.
Ce fut presque au saut du lit que la grande majorité des voyageurs a découvert le phénomène. La perplexité et l’inquiétude ont gagné les esprits d’autant plus rapidement que la surprise fut totale, aucun signe avant-coureur n’ayant annoncé le phénomène : pas de fuite massive de souris ou de rats dans les stations ni de contrôleurs RATP hurlant à la mort. Or ce matin-là, un monde naquit sous les regards incompréhensifs en perte de repères – et déjà nostalgiques d’un temps plus simple où chacun était à sa place : le Wall Street Institute lançait une campagne d’affichage grand format.
De nombreuses questions eurent tôt fait d’assaillir les esprits des usagers : pourquoi ce changement de format ? Cela voulait-il dire que le Wall Street Institute allait abandonner les affichettes, et balayer du même coup tous ces souvenirs de trajets souterrains passés à contempler ces petites images aux jeux mots de faciles ? Est-ce que ce désengagement dans les rames du métro expliquait la montée en puissance d’autres sociétés (Direct Energie notamment) ?
Et pourquoi ce changement de ligne éditoriale ? On cherche désespérément la joie d’apprendre dans ce paysage bouché et hérissé de parapluies comme autant de fourches caudines interdisant l’accès à l’apprentissage des langues. De cette publicité, et de la pluie battante qui tombe sur la foule anonyme, se dégage plutôt une forte morosité ; on devine que la dépression guette l’Institut, au point qu’il n’arrive pas à cacher son vague à l’âme dans les nouvelles dimensions de sa stratégie de communication. A ce rythme-là, on peut s‘attendre à voir dans quelques temps une affiche figurant les usines délabrées du nord de l’Angleterre aux fenêtres brisées.
Avant que le Wall Street Institute ne passe à la vitesse supérieure dans le défaitisme, les usagers peuvent toujours profiter des grimaces malicieuses qui semblent dire : « quitte à raquer pour apprendre une langue, autant le faire avec humour et dans la détente ».
1 commentaire:
Oh c'est moi !
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