mercredi 5 janvier 2011

Faîtes vos voeux!


Chaque année, la question revient, insistante et complexe, dans les conseils municipaux : que souhaiter à ses administrés que l’on n’ait pas formulé des dizaines de fois auparavant ? L’enjeu est important car il en va de l’image de la ville, du maire et de son équipe. Le texte doit être à la fois court, percutant et fédérateur, si possible avec un zeste d’audace pour attirer l’attention et susciter une réaction positive.

Exercice redoutable donc, qui suppose que l’on ne copie pas sur le voisin pour éviter le ridicule, et qu’on se renouvelle constamment, au contraire du secteur privé. Ce dernier peut en effet utiliser en toute impunité les mêmes concepts d’année en année en adoptant un point de vue bassement utilitariste des vœux. Par exemple, les clubs de gym locaux prospèrent à chaque début d’année en rappelant que si l’on peut s’autoriser un certain laisser-aller à la fin de l’année pour mieux profiter des fêtes, le mois de janvier est, lui, consacrer à une reprise en main énergique et salutaire, propice au renouvellement de son forfait abdos – pour paraphraser Féfé.


A ce sujet, à quand des vœux subversifs de la part de nos commerçants ? A quand des affiches de Nicolas engageant ses clients à ne pas laisser l’esprit de la fête se perdre dans la sobriété ? Des chocolatiers attirant le chaland en lui proposant de se vautrer dans la fondue au chocolat (qui, je vous ferais dire, cumule tous les avantages : magnésium et vertus antidépressives pour le chocolat; vitamines grâce aux fruits) ?

Pour revenir aux vœux municipaux, on trouve deux écoles : ceux qui se fondent sur le patrimoine de la ville pour mieux mettre en lumière le message ; et ceux qui développent un concept abstrait sensé illustrer le propos.
Dans la première catégorie, on trouve la Ville de Paris. Le message est fort – aimer les différences – et se trouve renforcé par son affichage sur la façade de l’Hôtel de Ville dans différentes langues et sous des couleurs diverses. Ces dernières assurent à ce vœu d’être lisible et visible même de nuit.


Montrouge, elle, intègre la deuxième catégorie en offrant sa vision du bonheur, incarné par un bibendum souriant et bondissant sous les feux du soleil montrougien. Mais bientôt, la perplexité s’installe : que penser de cette allégorie, qui aurait peut-être davantage eu sa place à Clermont-Ferrand ou au pays des Bisounours que dans la banlieue parisienne ? A moins que, justement, il ne s’agisse d’un message subversif : comme semble le proclamer ce personnage en guimauve informe, le bonheur n’est pas réductible aux kilos perdus. Difficile de s'identifier à une telle figure mais passons outre : Montrougiennes, Montrougiens, on se retrouve chez le chocolatier.


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